La France, longtemps l’un des principaux donateurs mondiaux d’aide internationale, vient de marquer un tournant inquiétant. Le pays a annoncé des réductions massives de son budget pour l’aide au développement, réduisant de plus de 2 milliards d’euros (près de 40 %) les fonds alloués pour l’année 2025. Ce coup de frein pourrait avoir des répercussions dramatiques sur les populations les plus vulnérables du monde, qui dépendent de cette aide pour survivre et se développer.
Les engagements précédents de la France en matière d’aide
Il y a seulement quelques années, la France s’était fermement engagée à respecter l’objectif de l’ONU de consacrer 0,7 % de son revenu national brut (RNB) à l’aide publique au développement (APD) d’ici 2025. Ce plan était soutenu par des mécanismes financiers créatifs, tels que la taxe sur les billets d’avion et la taxe sur les transactions financières, qui avaient permis à la France de collecter des fonds pour soutenir l’aide humanitaire et les initiatives mondiales de santé, notamment contre le sida et d’autres maladies mortelles.
Cependant, ces engagements se sont progressivement effrités. En 2023, l’objectif de 0,7 % a été repoussé à 2030, et en 2024, le ministre des Finances, Bruno Le Maire, a annoncé une réduction drastique de 742 millions d’euros de l’APD. Le pire est arrivé cette année avec une coupe de 2,1 milliards d’euros, soit une diminution de près de 40 %. De plus, les taxes de solidarité, qui alimentaient une grande partie de cette aide, sont désormais redirigées ailleurs, réduisant ainsi de manière considérable les ressources disponibles pour soutenir les pays en développement.
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Les raisons derrière ce changement radical
Pourquoi ce revirement soudain ? Les raisons sont multiples. D’une part, la France fait face à un déficit public croissant, ce qui a incité le gouvernement à réduire les dépenses publiques dans divers secteurs. D’autre part, le mouvement politique de droite, de plus en plus influent, insiste sur le fait que la France ne devrait plus financer des projets à l’étranger alors qu’elle a des besoins internes à résoudre.
Ironiquement, alors que le budget d’aide est réduit, la France prévoit d’augmenter ses dépenses militaires à 2 % du PIB d’ici 2025, une décision qui contraste fortement avec l’austérité budgétaire imposée à d’autres secteurs. Ce paradoxe soulève des questions sur les priorités du gouvernement français et sur la manière dont il gère ses engagements internationaux.
L’impact sur l’aide humanitaire mondiale
L’impact de ces réductions est considérable. La France est actuellement le cinquième plus grand donateur d’APD au monde et l’un des principaux contributeurs au financement du climat et de la santé mondiaux. En particulier, la France joue un rôle clé dans l’initiative Gavi, la Vaccination Alliance, qui a permis de sauver des millions de vies dans le monde, notamment grâce à des vaccins contre des maladies comme la rougeole, la polio et le HPV.
Le gouvernement français a promis 813 millions d’euros à Gavi pour la campagne de financement 2024, visant à vacciner 500 millions d’enfants. Cependant, avec les réductions budgétaires actuelles, cet engagement est désormais en danger. Les 2 milliards d’euros d’économie réalisés pourraient avoir permis de vacciner 200 millions d’enfants, soit près de trois fois la population de la France. Cette somme aurait aussi suffi à fournir une aide alimentaire pendant un an à 9 millions de personnes en Afrique de l’Est.
Les conséquences pour d’autres organisations multilatérales
Outre l’impact sur Gavi, ces coupes affectent également d’autres organisations multilatérales, telles que l’UNITAID et le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Le manque de financement pourrait ralentir ou même interrompre les projets de santé publique dans de nombreux pays en développement, où les besoins sont urgents.
Conclusion : Une situation alarmante
Les réductions du budget d’aide internationale de la France posent un sérieux problème. Alors que le monde fait face à des défis mondiaux majeurs tels que la pauvreté extrême, les inégalités de santé et le changement climatique, ces coupes risquent de nuire aux efforts mondiaux pour améliorer la situation des populations les plus vulnérables. La France, qui a longtemps été un leader en matière d’aide au développement, doit repenser ses priorités pour maintenir son rôle crucial dans la coopération internationale.
Il est impératif que la France réévalue ses politiques et retrouve un engagement fort envers l’aide internationale, afin d’assurer un avenir plus juste et plus stable pour les générations à venir.
Cet article a été publié à l’origine sur : globalcitizen