TotalEnergies a confirmé samedi 25 octobre 2025 la reprise officielle de son méga-projet gazier Mozambique LNG, après plus de quatre ans de suspension due à une insurrection jihadiste dans la province de Cabo Delgado. Ce projet de 20 milliards de dollars est l’un des plus importants d’Afrique et revêt une importance stratégique pour le développement économique du Mozambique. La levée de la force majeure ouvre la voie à une reprise progressive des travaux, sous réserve de ratification du gouvernement mozambicain.
Une suspension liée à des conflits sécuritaires majeurs
Contexte d’interruption
L’arrêt des travaux remonte à mars 2021, suite à une attaque meurtrière contre la ville de Palma, à proximité du site d’Afungi, par des insurgés affiliés à l’État islamique. Cette violente insurrection a fait environ 800 morts et imposé à TotalEnergies l’invocation d’une force majeure, suspendant ainsi un projet dont la production attendue devait considérablement dynamiser l’économie locale.
Situation sécuritaire actuelle
Malgré l’absence d’attaques de grande ampleur depuis 2021, la région reste instable, avec plus de 600 incidents violents cette année, presque le double de 2024 selon l’ONU. La sécurisation du site s’appuie sur une présence militaire renforcée, notamment avec le soutien de forces rwandaises, afin d’assurer un environnement favorable à la poursuite des travaux.
Le projet Mozambique LNG : un investissement stratégique
Capacité et caractéristiques
Mozambique LNG vise l’exploitation de deux importants champs de gaz en eaux profondes, comportant la construction d’une usine de liquéfaction à Afungi avec une capacité de production annuelle de 13,1 millions de tonnes. Ce projet devrait propulser le Mozambique parmi les dix premiers producteurs mondiaux de gaz d’ici 2040, contribuant à hauteur de 20% de la production africaine.
Partenariat et rôle de TotalEnergies
TotalEnergies, principal actionnaire avec 26,5% des parts, coordonne les travaux via le consortium Mozambique LNG. Le PDG Patrick Pouyanné a souligné l’importance d’une collaboration étroite avec le gouvernement mozambicain pour la réussite de la relance, tout en rappelant l’envergure du chantier qui mobilise déjà environ 4 000 travailleurs.
Perspectives économiques et environnementales
Coûts et retour sur investissement
La prolongation de la suspension a généré des coûts supplémentaires estimés à 4,5 milliards de dollars. Un addendum budgétaire et une mise à jour du planning des travaux doivent être approuvés par le conseil des ministres mozambicain pour acter la relance définitive. Si tout se déroule comme prévu, la production commerciale effective est attendue pour 2029.
Enjeux environnementaux et débats
Le projet suscite également des controverses en raison de son empreinte environnementale considérable. Des ONG locales et internationales dénoncent l’impact climatique des projets gaziers, qualifiés « bombes climatiques », dans un pays déjà très vulnérable au changement climatique, selon le World Risk Index 2023. Une réflexion sur la gestion durable des ressources naturelles accompagne désormais la phase de redémarrage.
Réactions et implication politique
Annonces officielles
TotalEnergies a officiellement informé la présidence mozambicaine vendredi 24 octobre de la levée de la force majeure. Cette décision précède la visite du président Daniel Chapo aux États-Unis, où il rencontrera ExxonMobil, acteur du projet voisin Rovuma LNG, également en phase de relance.
Impact attendu pour le Mozambique
Ce redémarrage est perçu comme une bouffée d’oxygène pour un pays parmi les plus pauvres au monde, avec des attentes fortes en termes de création d’emplois, de recettes fiscales et de développement des infrastructures associées au secteur gazier.
