Depuis l’adoption de la loi anti-homosexualité en Ouganda en mai 2023, la communauté LGBT subit une recrudescence alarmante de violences, discriminations et violations des droits humains. Un rapport détaillé de Human Rights Watch met en lumière l’ampleur des abus perpétrés dans un climat d’impunité, où la répression étatique et la haine sociale se conjuguent pour mettre en danger des milliers de personnes. Cette législation, qui prévoit la peine de mort pour certains actes homosexuels, a non seulement légitimé la stigmatisation, mais aussi encouragé des attaques physiques, des arrestations arbitraires et des discriminations systémiques.
Une loi répressive à l’origine d’une escalade de violences
Une législation sévère et ses conséquences immédiates
Le 26 mai 2023, l’Ouganda promulgue une loi anti-homosexualité qui criminalise sévèrement les relations entre personnes de même sexe, avec des peines allant jusqu’à la peine de mort et dix ans de prison pour ceux qui soutiennent ou ne dénoncent pas les personnes LGBT. Cette loi a immédiatement créé un climat de peur et d’hostilité, donnant lieu à des violences physiques, des agressions sexuelles et des discriminations dans tous les aspects de la vie quotidienne des personnes concernées.
Des chiffres alarmants sur les abus
Selon le rapport de Human Rights Watch, basé sur 59 entretiens réalisés entre août 2022 et avril 2025, le nombre d’abus documentés est considérable. Le Strategic Response Team, coalition ougandaise de défense des droits LGBT, a recensé 70 cas de violences physiques entre janvier et août 2023, période correspondant à l’introduction puis à l’adoption de la loi. Par ailleurs, DefendDefenders, une organisation basée à Kampala, a signalé huit cas de violences physiques et sexuelles, notamment des viols destinés à « convertir » les victimes supposées homosexuelles, dans les 24 heures suivant l’adoption de la loi.
Une autre étude de la Strategic Response Team a enregistré 306 cas d’abus et de discriminations en 2023, tous liés à la criminalisation et à la stigmatisation institutionnelle. Ces violences incluent des arrestations arbitraires, des extorsions, des expulsions forcées, ainsi que des refus d’accès aux soins médicaux, au logement, à l’emploi et à la justice.
Réactions et condamnations internationales
Human Rights Watch tire la sonnette d’alarme
Oryem Nyeko, chercheur principal pour l’Afrique chez Human Rights Watch, dénonce une politique gouvernementale qui « légifère la haine » et expose les personnes LGBT à des risques graves et constants. Il appelle les autorités ougandaises à « améliorer d’urgence l’environnement », afin de mettre fin à ces violations massives des droits humains.
L’organisation pointe également la responsabilité de l’État dans la diffusion de discours haineux via les médias traditionnels et sociaux, qui alimentent la violence et la discrimination contre les personnes LGBT et leurs alliés.
Appels à la révision de la loi et à la protection des droits
Le rapport exhorte le gouvernement ougandais à abroger la loi anti-homosexualité, à cesser la répression des personnes LGBT et à adopter des mesures législatives protégeant contre la discrimination et garantissant l’égalité. Les organisations de défense des droits humains réclament également la fin des arrestations arbitraires et la mise en place de mécanismes pour que les auteurs d’abus soient traduits en justice.
Un climat d’impunité et de persécution systématique
Violences physiques et sexuelles encouragées
La loi a créé un environnement permissif pour les violences sexuelles, y compris des viols ciblés, des expulsions forcées et des harcèlements répétés. Les victimes, souvent des femmes et des personnes vulnérables, subissent des abus sans que la police n’intervienne ou ne protège les droits fondamentaux. Les organisations LGBT ont aussi été victimes de raids, de suspensions administratives, d’arrestations de personnel et de confiscations de matériel, ce qui entrave gravement leur travail de soutien.
Discriminations dans les services essentiels
Les personnes LGBT font face à des refus d’accès aux soins de santé, au logement, à l’emploi et à l’assistance juridique, aggravant leur précarité. La peur d’être dénoncées ou persécutées pousse beaucoup à se cacher, ce qui a des conséquences dramatiques sur leur bien-être physique et mental.
Un phénomène global : la montée des lois anti-LGBT dans le monde
Comparaison avec d’autres pays
L’Ouganda n’est pas un cas isolé. Des législations similaires se multiplient, notamment aux États-Unis, où des centaines de projets de loi anti-LGBT ont été introduits ces dernières années, ciblant particulièrement les personnes transgenres. Ces lois contribuent à une augmentation des violences et des discriminations, avec des taux de victimisation violente beaucoup plus élevés chez les personnes LGBT comparées à la population générale.
La loi anti-LGBT en Ouganda a déclenché une vague d’abus et de violences qui menace la vie et la dignité de milliers de personnes. Ce rapport de Human Rights Watch révèle un véritable climat d’impunité et d’hostilité institutionnalisée, où la haine légale se traduit par des agressions physiques, des discriminations et des violations systématiques des droits humains. Face à cette situation, la communauté internationale et les défenseurs des droits humains appellent à une mobilisation urgente pour faire reculer cette répression et garantir la protection des droits fondamentaux de toutes et tous.