Une manœuvre stratégique majeure entre la France et le Ghana
La France a lancé un exercice naval conjoint d’envergure avec la marine ghanéenne, marquant une étape importante dans sa recalibration stratégique en Afrique de l’Ouest. Du 30 septembre au début octobre 2025, le porte-hélicoptères amphibie français Tonnerre a accosté au port de Tema, au Ghana, pour une durée de quatre jours consacrée à des entraînements militaires avancés. Cette opération s’inscrit dans le cadre du cours régional de formation embarquée et digitale SIREN 2025, visant à renforcer la coopération maritime dans le golfe de Guinée.
Un exercice naval complet pour renforcer la sécurité maritime
Des scénarios diversifiés adaptés aux menaces contemporaines
L’exercice s’est concentré sur une variété d’opérations tactiques telles que le sauvetage en mer, la lutte contre la piraterie, la gestion des risques liés à la pollution et la coordination en situation de crise. Les forces navales françaises et ghanéennes ont mené des simulations de lutte contre les menaces asymétriques, des tactiques anti-drones ainsi que des tirs d’entraînement en conditions réelles. Ces manœuvres ont permis d’améliorer la capacité opérationnelle et l’interopérabilité des deux marines.
Un dispositif technologique et humain performant
Le Tonnerre, lourd de 21 000 tonnes, est équipé de technologies militaires avancées, avec la capacité d’accueillir jusqu’à 16 hélicoptères et un hôpital conforme aux normes de l’OTAN. À la tête de l’exercice, le Capitaine de Vaisseau Arnaud Bolelli a dirigé les opérations françaises, tandis que le Commodore Solomon Asiedu-Larbi supervisait le commandement ghanéen, soulignant la dimension bilatérale renforcée de cette initiative.
Un engagement français renouvelé après une réorientation stratégique
Un engagement ciblé en Afrique de l’Ouest
Depuis le retrait progressif des forces françaises des pays instables du Sahel, tels que le Mali, le Burkina Faso et le Niger, la France oriente désormais sa stratégie vers un partenariat étroit avec des pays côtiers plus stables comme le Ghana, la Côte d’Ivoire et le Sénégal. Ces exercices illustrent une transition d’une présence militaire directe vers une collaboration axée sur le renforcement des capacités régionales.
Un cadre international consolidé
Cette opération s’inscrit dans la continuité du dispositif Corymbe passé en place dans le golfe de Guinée depuis 1990, ainsi que dans le cadre du Code de conduite de Yaoundé de 2013, qui promeut la coopération entre États côtiers pour lutter contre la piraterie, le trafic illicite et la pêche illégale. La France s’engage à maintenir la stabilité maritime et à protéger les routes commerciales vitales.
Réactions et perspectives régionales
L’enthousiasme ghanéen face à un partenariat stratégique renforcé
Le ministre ghanéen des Pêches et de l’Aquaculture, Emelia Arthur, a salué l’initiative comme une étape cruciale pour la sécurité maritime régionale, un secteur vital pour l’économie locale. La collaboration franco-ghanéenne est perçue comme une réponse efficace aux problèmes graves de la piraterie et des pratiques illégales qui affectent les moyens de subsistance des populations.
Un message aux autres acteurs mondiaux
À travers ces exercices, la France entend également marquer sa présence face à la compétition géopolitique croissante dans la région, notamment venant de la Chine, de la Russie et des États-Unis. Le renforcement des capacités militaires conjointes est un moyen de préserver l’influence européenne en Afrique de l’Ouest tout en promouvant la stabilité sécuritaire.
Les implications militaires et diplomatiques
Une démonstration de puissance navale et de coopération
Le Tonnerre, avec ses armements sophistiqués telles que les systèmes d’armes téléopérés NARWHAL et les missiles antiaériens Mistral MBDA, constitue un atout majeur pour les opérations anti-piraterie, de recherche et sauvetage, et d’assistance humanitaire. Les exercices incluent des simulations de contrôle des fouilles navales, l’évacuation de blessés et la gestion des risques environnementaux, renforçant l’expérience opérationnelle des deux marines.
Un pas vers une sécurité régionale durable
Cette initiative militaire repose sur un modèle de coopération pragmatique, privilégiant le partage de savoir-faire et la montée en puissance des forces régionales. En collaborant étroitement, la France et le Ghana posent les jalons d’une sécurité collective plus robuste, adaptée aux défis du 21e siècle dans un contexte d’instabilité accrue.
En conclusion, l’exercice naval conjoint entre la France et le Ghana illustre parfaitement la nouvelle orientation stratégique française en Afrique de l’Ouest. Avec une approche centrée sur la coopération et le renforcement mutuel des capacités maritimes, Paris cherche à protéger ses intérêts tout en contribuant à la stabilité et au développement sécuritaire régional. Cette démarche pragmatique face à un environnement géopolitique en mutation est un signal fort envoyé à tous les acteurs internationaux engagés sur le continent.