Le Président Syrien Ahmed al-Sharaa Arrive en France pour sa Première Visite Européenne

Le président syrien, Ahmed al-Sharaa, est arrivé à Paris mercredi 7 mai, marquant ainsi sa première visite en Europe depuis la chute de Bashar al-Assad en décembre dernier. Cette visite intervient dans un contexte de tensions diplomatiques, alors que la Syrie cherche à rétablir son image sur la scène internationale après plus d’une décennie d’isolement diplomatique.

L’agence de presse syrienne SANA a confirmé l’arrivée de Sharaa à la capitale française, accompagné de sa délégation. Ce déplacement marque un tournant pour la Syrie, qui espère obtenir un soutien international dans ses efforts pour ramener la stabilité dans un pays dévasté par plus de dix ans de guerre.

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Un Exempté des Sanctions de l’ONU

Il convient de noter que Sharaa, bien qu’encore inscrit sur la liste des sanctions de l’ONU en raison de son ancien rôle de leader du groupe armé Hayat Tahrir al-Sham (HTS), un ancien affilié d’Al-Qaïda, a reçu une exemption spéciale des Nations Unies pour pouvoir se rendre en France. Cette exemption a permis à Sharaa de poursuivre ses efforts diplomatiques en Europe, malgré son statut controversé.

Rencontre avec Emmanuel Macron

Le président syrien doit rencontrer le président français Emmanuel Macron plus tard dans la journée. Lors de cette rencontre, les deux leaders discuteront de plusieurs questions essentielles, telles que la souveraineté et la sécurité de la Syrie, la gestion des minorités après les récentes attaques contre les Alaouites et les Druzes, les efforts de lutte contre le terrorisme, en particulier contre les combattants de l’État Islamique (EI), ainsi que la coordination de l’aide humanitaire et du soutien économique.

Des responsables français ont également évoqué la question de l’assouplissement des sanctions à l’égard de la Syrie, un point crucial pour Sharaa, qui cherche à relancer une économie syrienne ravagée par 14 ans de guerre civile.

Un Soutien Prudent de la France

La France a exprimé son soutien à la chute du régime d’Assad en 2012, refusant de restaurer ses relations diplomatiques avec son gouvernement même après les défaites de l’opposition et la prise de contrôle de vastes zones du pays par l’armée syrienne. Cependant, la France a progressivement engagé un rapprochement avec les autorités de transition dirigées par Sharaa, y compris la nomination récente d’un chargé d’affaires à Damas.

Le président Macron a récemment tenu une réunion trilatérale en visioconférence avec Sharaa et le président libanais Michel Aoun, visant à désamorcer les tensions sur la frontière entre la Syrie et le Liban. Cette initiative s’inscrit dans une série d’efforts français pour jouer un rôle de médiation dans la région.

La Question des Sanctions et de la Reconstruction

L’un des principaux enjeux de la visite de Sharaa en France est la question des sanctions internationales. Après plus de 14 ans de guerre, l’économie syrienne est en ruine, et la reconstruction du pays nécessiterait des investissements massifs. La Banque mondiale estime que les coûts de la reconstruction en Syrie dépassent les 250 milliards de dollars. Pour relancer l’économie, Sharaa a besoin d’une levée partielle des sanctions imposées par les États-Unis, l’Union européenne et le Royaume-Uni.

Bien que l’UE ait assoupli certaines sanctions, d’autres mesures, ciblant des individus et des entités, doivent expirer le 1er juin. La Syrie espère que l’UE ne renouvellera pas ces sanctions, bien que la décision nécessite un consensus parmi les 27 États membres de l’Union européenne. La possibilité d’un renouvellement limité ou de la suppression de certaines entités stratégiques, telles que la Banque centrale syrienne, pourrait être envisagée pour soutenir la reconstruction économique, y compris dans les secteurs de l’énergie, des infrastructures et des finances.

Un Rapprochement Prudent avec les Kurdes

Au cours des derniers mois, la France a joué un rôle d’intermédiaire entre Sharaa et les forces kurdes du nord-est de la Syrie, alors que les États-Unis réduisaient leur présence militaire dans la région. Cette dynamique a conduit Sharaa à chercher à rétablir le contrôle centralisé sur la zone, ce qui a suscité l’attention de la France, notamment en raison de son implication dans les forces spéciales présentes en Syrie.

Un responsable de la présidence française a confirmé que des discussions étaient en cours avec les autorités américaines sur la manière de gérer le retrait de Washington et sur la façon dont la France pourrait jouer un rôle plus important dans la région.

Conclusion

La visite d’Ahmed al-Sharaa en France marque un tournant diplomatique pour la Syrie, alors que le pays tente de sortir de son isolement et de se réintégrer dans la communauté internationale. Si la France a toujours soutenu la transition démocratique en Syrie, elle semble aujourd’hui prête à jouer un rôle plus actif dans la reconstruction du pays, tout en appelant à un règlement pacifique et inclusif de la situation interne syrienne. Cependant, la levée des sanctions et le soutien économique à la Syrie dépendront des actions concrètes de Sharaa et de son engagement envers la stabilité régionale.

Cet article a été publié à l’origine sur : newarab