À l’occasion du 80e anniversaire de l’Organisation des Nations unies, la France a réaffirmé son soutien à une réforme en profondeur du Conseil de sécurité, avec un plaidoyer clair en faveur d’une plus forte représentation africaine. Lors d’un débat public tenu à New York le 1er juillet 2025, l’ambassadeur de France auprès de l’ONU, Jérôme Bonnafont, a insisté sur la nécessité d’adapter cet organe fondamental aux réalités géopolitiques actuelles pour renforcer sa légitimité et son efficacité, notamment dans la gestion des crises continentales.
Vers une réforme majeure du Conseil de sécurité
Le Conseil de sécurité réunit actuellement 15 membres, dont cinq permanents dotés du droit de veto – Chine, États-Unis, Russie, Royaume-Uni et France. Les dix sièges restants sont occupés par des membres non permanents élus pour deux ans, dont trois sont réservés à l’Afrique. Cette répartition ne reflète plus la composition et les enjeux du monde contemporain. La France estime que l’Afrique, qui fait face à de nombreux défis sécuritaires et représente une part importante de la population mondiale, mérite d’être davantage représentée, idéalement par des membres permanents disposant des mêmes droits que les autres grandes puissances.
Jérôme Bonnafont a expliqué que soutenir le continent africain au sein du Conseil n’est pas un simple geste symbolique, mais une nécessité pour garantir que les problématiques africaines – liées aux conflits, au terrorisme ou à la sécurité régionale – soient traitées avec la juste prise en compte au sommet de l’ONU.
Critiques à l’encontre du Conseil actuel : un frein à l’efficacité multilatérale
La France dénonce l’inaction du Conseil de sécurité face à plusieurs crises majeures, notamment le conflit en Ukraine, la guerre à Gaza ou la situation au Soudan. Ces conflits ont souvent révélé les limites du Conseil, paralysé par des différends et l’usage du droit de veto qui empêche toute décision concertée.
Depuis 2015, la France, avec le Mexique, promeut une initiative soutenue par 107 États visant à encadrer l’usage du veto lors d’atrocités massives. Cette démarche vise à éviter que les intérêts nationaux ne bloquent l’action collective sur des crises humanitaires ou sécuritaires majeures. Pour Paris, cette réforme est indispensable afin de faire du Conseil un véritable outil de paix et de sécurité internationales.
En parallèle, la France rappelle également l’importance que le Conseil accorde au respect des droits humains et au droit international humanitaire, deux piliers essentiels pour prévenir l’escalade des conflits.
L’engagement français pour renforcer la coopération avec l’Afrique
Au-delà de la réforme institutionnelle, la France mise sur le renforcement des capacités africaines en matière de maintien de la paix et de lutte contre le terrorisme. Isis Jaraud-Darnault, coordonnatrice politique de la France aux Nations unies, a souligné la nécessité d’appuyer davantage les acteurs régionaux, notamment à travers le partenariat avec l’Union africaine.
Un exemple concret de cette coopération est l’Académie internationale Jacquesville, créée en 2017 conjointement par la France et la Côte d’Ivoire pour former des personnels spécialisés dans la lutte antiterroriste. Reconnue aujourd’hui à l’échelle continentale, cette initiative illustre la volonté française de soutenir une sécurité africaine autonome et efficace.
La France attire aussi l’attention sur les liens étroits entre changement climatique et conflits en Afrique, et invite à renforcer la mobilisation internationale, notamment via le Mécanisme Climat-Paix-Sécurité, pour mieux anticiper et gérer ces crises complexes.
Des élections et une composition en mutation
Le 3 juin 2025, plusieurs nouveaux membres non permanents ont été élus pour le Conseil, dont la République démocratique du Congo et le Libéria pour l’Afrique, illustrant la participation active du continent dans l’ONU. Ces élections reflètent d’ailleurs la dynamique en faveur d’une implication africaine accrue, portée par un large consensus international.
Par ailleurs, la France soutient également l’élargissement du Conseil de sécurité en incluant des pays comme l’Allemagne, le Brésil, l’Inde et le Japon, ainsi que dans ce cadre, une meilleure représentation permanente des États africains.
Déclarations clés et visions pour l’avenir
Jérôme Bonnafont a insisté sur le fait que le multilatéralisme reste la meilleure réponse aux nombreux défis contemporains et que renforcer la voix africaine au Conseil de sécurité est indispensable pour maintenir la paix mondiale.
De son côté, Isis Jaraud-Darnault a rappelé que seul un Conseil de sécurité plus représentatif et plus légitime pourra agir avec efficacité pour prévenir et résoudre les crises. Elle a aussi mis en lumière le rôle fondamental des partenariats régionaux et du renforcement institutionnel africain.
Le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, dont les projets de réforme sont soutenus par la France, aspire à une institution plus moderne, plus équilibrée et mieux adaptée aux réalités géopolitiques actuelles, en particulier en accordant une reconnaissance accrue à l’Afrique.
La réforme du Conseil, un enjeu stratégique pour la paix mondiale
La France se positionne en tant qu’acteur majeur dans le débat mondial sur la réforme du Conseil de sécurité, avec une volonté affichée de voir l’Afrique occuper une place renforcée et méritée. Alors que le monde connaît des crises de plus en plus complexes et interconnectées, ce projet de transformation vise à redonner à l’ONU les moyens d’une action plus pertinente, équitable et efficace.
Le chemin vers cette réforme est cependant délicat, car il nécessite un consensus international difficile à atteindre. Néanmoins, la diplomatie française mise sur une mobilisation large qui pourrait redessiner les contours du multilatéralisme pour le XXIe siècle en assurant que la jeune génération africaine soit pleinement prise en compte dans la gouvernance mondiale.