Le vendredi 23 mai 2025, la Gare de Lyon à Paris a été le théâtre d’un blocage important orchestré par une quarantaine de taxis, marquant une nouvelle journée de mobilisation intense en Île-de-France et dans plusieurs régions françaises. Cette action s’inscrit dans une grève nationale contre la réforme du transport sanitaire, destinée à maîtriser les dépenses de la Sécurité sociale, mais perçue comme une menace pour les revenus des chauffeurs. Retour sur les faits, les enjeux et les réactions autour de ce mouvement qui paralyse les principaux axes de transport de la capitale.
Un blocage ciblé à la Gare de Lyon et une mobilisation massive en Île-de-France
Une quarantaine de taxis bloquent la Gare de Lyon
Dès 9 heures du matin, environ quarante taxis parisiens et savoyards ont bloqué les accès aux prises en charge des clients à la Gare de Lyon, l’une des principales gares parisiennes. Cette action symbolique vise à dénoncer la réforme du transport sanitaire, qui selon les chauffeurs, remet en cause leur modèle économique.
Une grève nationale avec plus de 1 700 taxis mobilisés
Au-delà de Paris, la mobilisation concerne près de 1 700 taxis à travers la France, dont 960 uniquement dans la capitale, selon les chiffres communiqués par la préfecture. Des blocages similaires ont été observés dans plusieurs villes, notamment Pau, Marseille, et d’autres points stratégiques comme les aéroports, les hôpitaux et les grands axes routiers.
Les raisons de la contestation : la réforme du transport sanitaire
Une réforme pour maîtriser les dépenses de la Sécurité sociale
Le gouvernement souhaite réformer le transport sanitaire afin de rationaliser les coûts, qui ont atteint 6,74 milliards d’euros en 2024. Cette réforme prévoit notamment une généralisation du transport partagé et une révision des tarifs appliqués aux chauffeurs.
Des tarifs unifiés contestés par les chauffeurs
La réforme introduit un forfait tarifaire unique : 13 euros pour les trajets en zone rurale et 28 euros dans les grandes agglomérations. Selon l’Assurance maladie, ce système vise à réduire les courses à vide et à garantir une meilleure rémunération globale pour la majorité des chauffeurs. Toutefois, les syndicats de taxis dénoncent une baisse de revenus et une précarisation de leur activité, ce qui alimente la colère et la mobilisation.
Impact sur les transports et les usagers
Perturbations majeures autour des gares et aéroports
Le blocage de la Gare de Lyon s’ajoute aux ralentissements sur d’autres points névralgiques : accès à l’aéroport Charles-de-Gaulle paralysé par des barrages, ralentissements sur le boulevard Raspail à Paris, et perturbations sur la ligne RER B reliant Paris à l’aéroport. Cette ligne est interrompue chaque soir entre 22h45 et le lendemain matin, compliquant encore plus l’accès aux terminaux.
Difficultés accrues pour les voyageurs
Les usagers sont invités à anticiper des retards importants et des difficultés d’accès aux transports en commun et aux taxis, notamment dans la région parisienne. La conjonction des grèves et des travaux nocturnes sur les autoroutes A1 et A3 accentue la saturation des voies d’accès aux aéroports.
Réactions des acteurs et perspectives
Un rendez-vous gouvernemental décisif
Face à la montée de la contestation, le Premier ministre François Bayrou a convoqué une réunion interministerielle le samedi 24 mai 2025 au ministère des Transports. Cette rencontre, à laquelle participeront les représentants des taxis, vise à trouver une issue à la crise.
Les syndicats prêts à durcir le mouvement
Rachid Boudjema, président de l’Union nationale des taxis, a averti que sans avancées concrètes lors de cette réunion, la grève pourrait se prolonger. Il souligne la « délicate » nécessité de ne pas abandonner la réforme tout en répondant à la colère des chauffeurs.
L’Assurance maladie défend la réforme
Thomas Fatôme, directeur général de l’Assurance maladie, assure que la réforme est pensée pour « bénéficier à la majorité des chauffeurs » et permettre une meilleure durabilité du système. Il évoque la possibilité d’ajustements mais insiste sur la nécessité de maîtriser les dépenses publiques.
Le mouvement des taxis contre la réforme du transport sanitaire illustre les tensions entre volonté gouvernementale de contrôle des dépenses et inquiétudes des professionnels du secteur. Avec plusieurs jours de blocages déjà enregistrés et une réunion gouvernementale imminente, la situation reste incertaine. Les usagers, quant à eux, subissent les conséquences d’un conflit qui paralyse les infrastructures clés de la région parisienne.